Big Fish & Begonia de Xuan Liang et Chun Zhang (2017)

Présenté en compétition officielle du Festival International d’animation d’Annecy en 2017, Netflix nous fait découvrir ce récit somptueux d’aventures qui dès les premières minutes nous révèlent la beauté envoûtante voire hypnotique de ces images. On nage entre rêves, contes, mythes chinois et on entre dans un imaginaire peu connu et qui pourrait se révéler difficile d’accès du fait des nombreuses références qui y sont disséminées et inconnues dans l’occident, malheureusement. Une fable contée de manière très juste et qui dévoile une puissance émotionnelle et sensorielle qui nous subjugue.

Inspiré d’un ancien mythe Taoïste mélangeant également le folklore chinois, Xuan Liang et Chun Zhang dessinent et dépeignent un univers riche et foisonnant où les enjeux centraux relient parfaitement le lyrisme et l’onirisme, tout en imageant les thèmes universels comme le rapport entre l’homme et la nature, l’amour universel, le dépassement de soi, le lien et la confrontation entre le ciel, la mer et la terre et bien d’autres. C’est véritablement un monde fantastique et merveilleux où le rêve de liberté et d’infini est dans chaque instant.

Dayu haitang : Photo

Un imaginaire qui peut rappeler les œuvres de Miyazaki, il est vrai. On ressent une influence certaine sur l’animation, notamment, visuelle sur l’animation en général mais, ici, les deux réalisateurs se sont véritablement nourris de la culture chinoise pour apporter leur patte visuelle, narrative et sonore. Un projet qui aura résulté des années de labeurs, environ 12 ans, pour transposer l’idée en ce magnifique long-métrage.

C’est en utilisant différents procédés d’animation, passant du dessin sur papier, à l’animation sur ordinateur (2D/3D) puis à la peinture sur verre, que le long-métrage nous livre une œuvre autant contemplative que réflexive sur notre place sur Terre, sur l’amour universel, le dépassement de soi, le rapport entre l’homme et la nature, le sacrifice de soi, la vie, la mort et bien d’autres thèmes.

Mais ce qui rejaillit dans ce film est l’amour. Elle revête une facette poétique extrêmement bien menée. L’incarnation physique que représentent les personnages principaux n’est plus si importante et n’a plus d’intérêt. On voit autant une certaine communion spirituelle et romantique se faire entre les deux personnages. Ils vont sans cesse défier les lois, les règles régies ce qui va avoir pour conséquences des catastrophes dramatiques sur l’univers de Chun. Deux personnages qui vont aller au bout de leur conviction, de leur amour. Une histoire d’amour qui montre la fragilité et l’équilibre délicat de l’univers dans lequel Chun vit. Et c’en est d’autant plus poignant puisqu’en tentant de se sauver mutuellement, ils créent un déséquilibre. Les personnages secondaires que l’on voit défiler sont également nuancés dans leur pensée étant tour à tour bienveillant ou manipulateur. Les réalisateurs ont voulu montrer ici toute la complexité de la vie, des opinions, des choix.

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Au-delà, la portée est narrative, philosophique et poétique et elle est transposée en des compositions somptueuses à la colorimétrie foisonnante et aux décors tantôt inattendus tantôt incarnés. Un univers luxuriant où l’on nage, vole et voyage. Et à bien des égards, Big Fish & Begonia nous montrent le monde tel qu’il est, sans rien cacher de la beauté du monde, une œuvre qui s’apparenterait plus à une approche cinématographique que de l’art pictural. Et si beaucoup pourrait se perdre dans ce long-métrage, la force de ce film d’animation réside dans la richesse de l’univers explicitement montré et celle plus implicite, nous laissant nous imprégner du cadre.

En bref, Big Fish & Begonia est plus qu’un film, c’est une invitation à la découverte d’un monde, d’une histoire, d’un mythe inconnu chez nous les occidentaux. Au-delà, on vit un rêve éveillé, une expérience indispensable qui se révèle d’une pure beauté autant narrativement que visuellement.


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